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Début
05
Jui
2014
 
Fin
07
Sep
2014
 
Lieu
Namur - Maison de la Culture

Avenue Golenvaux, 14
5000 Namur
Contact
Jean-Michel François
081 77 67 73

Culture

Anthropocosmos - Vues déplacées

                                                          ANTROPOCOSMOS
                                                            vues déplacées


Anthropocosmos : l'Homme et l'univers unis en un mot. Ou comment l'être humain dans son individualité la plus intime trouve sa place dans le monde au sens large. Quand Richard Long, artiste de la marche et de l'errance, pratique le déplacement, c'est dans l'optique de se rapprocher de lui-même, d'approcher au plus près de son intériorité. C'est ce que le philosophe Mircea Eliade (1907-1986) appelle l'anthropocosmos : le centre le plus intime de chaque être humain, qui le raccorde au monde au sens large. Vues déplacées se concentre sur le même objectif. Les œuvres sélectionnées, en partant du centre, de l'intime, du noyau intérieur, ouvrent au monde, au macrocosme et posent cette question : comment de la position foetale, l'artiste tout comme le spectateur s'ouvrent à l'univers ?

Avec les œuvres de DOVE ALLOUCHE (FR), DIETER APPELT (D), HICHAM BERRADA (MA), MARIE JULIA BOLLANSEE (BE), OLIVIER DEBRE (FR), ANNE TERESA DE KEERSMAEKER (BE) & THIERRY DE MEY (BE), RICHARD LONG (GB), GREGORY MASUROVSKY(US), RENATO NICOLODI (BE), HENRI PRIBIK (BE), VLADIMIR SKODA (CZ), ELLY STRIK (NL), BELA TARR (HU)

Adrien Grimmeau, historien d’art, est commissaire de cette exposition. Il nous en parle.

Comment est née l’exposition Anthropocosmos-Vues Déplacées ?

Au départ, je me sentais assez éloigné du sujet, sauf si on l’entendait comme l’idée d’un voyage intérieur. J’étais particulièrement intéressé par le mythe et je trouvais qu’il y avait une connexion intéressante à faire avec l’idée d’être tourné sur soi-même. Ma façon à moi de voyager se traduit ainsi : plus on se délocalise, plus on se recentre sur soi-même. Il y a deux niveaux de lecture dans cette hypothèse : quand on voyage, on change de géographie mais on découvre également une nouvelle géographie intérieure. C’est finalement la question de l’équilibre de soi par rapport au monde qui est abordée ici. Un des artistes-voyageurs présent dans l’exposition, Richard Long, illustre bien ce projet. Quand il voyage, il se replie sur lui-même. Il expose d’ailleurs le cercle qui est une figure de l’intimité par excellence mais aussi de repli sur soi.

N’est-ce pas antinomique d’associer l’idée du voyage et celle du repli sur soi ?

Tu vas vers l’autre pour te découvrir toi-même. Pour moi, l’idée qui symbolise le mieux cela c’est la figure foetale. On arrive à quelque chose d’intime. À mon sens, l’image la plus intime est un petit point noir au fond de soi. C’est un thème dont parle Mircea Eliade, historien des religions, et qu’il nomme « anthropocosmos » pour témoigner de l’importance du centre. C’est un thème que l’on retrouve dans toutes les civilisations. Il est lié aux religions. Certaines expressions, telles « tenir l’église au milieu du village » l’illustrent à merveille.
Dans les sociétés primitives, il y avait toujours un pilier au milieu de la hutte qui représentait le centre du monde. C’est la même chose avec le yoga : l’idée de trouver l’équilibre de soi. C’est donc une idée très large. Avec cette expo, j’avais envie d’encourager les gens à chercher cette boule en eux-mêmes et à rééquilibrer leur rapport au monde.

Comment s’est opérée la sélection d’artistes ?

C’est la première expo que je commissionne où tout dépend des oeuvres d’art. C’était un vrai défi pour moi car les oeuvres devaient contenir le discours et non l’illustrer. C’est donc une exposition peu bavarde. Il fallait ensuite trouver des oeuvres et construire un discours entre elles. Pour trouver les pièces, j’ai repensé au cours que je donne sur les mythes (NDRL : à l’ISELP, Bruxelles), qui m’a fait découvrirdes artistes incroyables, notamment Elly Strik, dessinatrice qui vit à Bruxelles. J’avais découvert son travail à la Biennale de Lyon en2011. Son travail m’a bouleversé et j’avais très envie de la rencontrer. Ce projet m’en a donné l’occasion. Elle présentera une série demagnifiques dessins.J’ai aussi puisé dans les FRAC (Fonds régional d’art contemporain) français. J’ai ainsi découvert de nouvelles oeuvres et exposé des artistes dont j’admirais le travail. Il y a une dizaine d’artistes en tout, la plupart belges. Ce n’était pas un critère de sélection mais par la force deschoses, le paysage artistique belge m’est plus familier.

C’est une exposition qui montre aussi de la vidéo et de la danse…

C’était important pour moi d’élargir le propos avec une exposition pluridisciplinaire, avec du cinéma et de la performance. Il y aura, par exemples, le film de Thierry De Mey pour Anne Teresa de Keersmaeker ou la performance de Marie Julia Bollansée.

Comment cette exposition s’inscrit-elle par rapport à l’exposition En route ! au Musée Rops ?

Elle a été pensée de manière totalement indépendante mais on pourra jeter des ponts entre les deux manifestations car il s’agit du voyage comme déplacement. Je me demande d’ailleurs comment les gens percevront la question du voyage dans mon exposition. Le concept d’Anthropocosmos peut d’ailleurs s’appliquer à l’exposition du musée car quand les artistes du XIXe se rendaient à Rome c’était en réalité pour faire une découverte personnelle.

Qu’aimerais-tu que les visiteurs retiennent de cette exposition ?

Ce serait génial s’ils se disent qu’ils retrouvent ce thème dans d’autres oeuvres vues précédemment.
Pour moi, l’art est une clé de lecture du monde. Anthropocosmos n’est pas basée sur un thème visuel mais on remarque d’emblée l’importance du mandala tibétain. Il y a quelques années, j’ai vu un groupe de Bonzes créer un mandala à Bruxelles, un cercle de sable basé sur des motifs ancestraux qui représentent l’univers dans sa totalité. Cela demande beaucoup de patience et de dextérité. L’important n’est pas le résultat fini,
balayé en quelques minutes, mais le processus. En participant à cette création, c’est ton équilibre au monde qui change.

Un catalogue est édité pour l’occasion : texte d’Adrien Grimmeau, commissaire de l’exposition.

Art Dimanche le 7 septembre 2014 à partir de 10h30 :
- Visite-rencontre par Adrien Grimmeau en compagnie de plusieurs artistes
 - Performance « Opéra » de Marie Julia Bollansée
 - Projection du film Altiplano de Peter Brosens et Jessica Woodworth



Prolongez la thématique du voyage en découvrant les expositions suivantes :

En route ! sur les traces des artistes belges en voyage, du 24/05-28-09/2014, au Musée Rops à Namur.
Destinations improbables du 20/06-31/08/2014, au Musée Ianchelevici à La Louvière

et aussi la question de l'intimité avec :

L'intime festival, du 29 au 31/08/2014, au Théâtre de Namur

Illustration : Dieter Appelt, Glasraum, 1986. (détail) Collection Frac Bretagne © Dieter Appelt, Photo : Florian Kleinefenn

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