Signes de Croix
Symbole universel, présent depuis la nuit des temps, la croix existe à travers de nombreux contextes culturels et religieux. C’est à la fois un signe qui indique une propriété, une orientation et un symbole aux significations multiples et complexes. L’exposition réunit plus d’une dizaine d’artistes belges et étrangers qui ont, chacun à leur manière, utilisé le signe de la croix dans leur travail, explorant la polysémie autant que le pouvoir plastique de cette forme parfaite. Si la croix est l’emblème de la religion chrétienne et directement associée comme telle, elle est aussi et avant tout une forme géométrique élémentaire. C’est avant tout ce signe plastique formidable, débarrassé de tout symbolisme, que nous avons voulu mettre en évidence dans cette exposition. Pour les représentants de l’abstraction construite (Aurélie Nemours, Dan Van Severen,…), la croix, au même titre que le cercle ou le carré fait partie d’un vocabulaire de formes primaires. Depuis 1978, Jean-Pierre Maury concentre sa réflexion artistique sur cet « élément plastique minimal qu’est le croisement de deux lignes ». Les œuvres issues de la mouvance lyrique incarnées ici par le travail d’Antoni Tàpies, de Luc Hoenraet et celui de Gabriel Belgeonne sont traversées par des hiéroglyphes personnels parmi lesquels figure en bonne place la croix. Membre-Fondateur de Supports/Surfaces, Noël Dolla recourt à ce motif essentiel qu’il épuise à travers nombre de configurations plastiques. En surplombant l’un ou l’autre mégalithique d’une croix, l’artiste breton Loïc Le Groumellec jette un pont entre paganisme et judéo-christianisme. C’est aussi le propos, dans une autre mesure, de Jan Fabre qui joint spirituel et corporel dans son « cerveau d’artiste » d’où surgit le fameux symbole. Dans cet atlas iconique cruciforme, le visiteur pourra également découvrir les images subtiles du photographe Jean-Paul Dumas Grillet, les œuvres poétiques et étranges de Jannis Kounellis ou celles du belge Guy Jaspar qui divisait toujours ses œuvres en jeux de matières et de couleurs. Quant à Gina Pane, elle a substitué ses propres blessures corporelles par celles des martyrs chrétiens dont Saint-Jean L’évangéliste, à qui elle consacre un « manteau » de verre coloré. Enfin, Andres Serrano, prolongeant la logique de réflexion sur les fluides corporels qui l’avait mené au controversé Piss Christ, expose une magnifique Milk Cross, aussi intensément belle que dépouillée.
Avec les œuvres de GABRIEL BELGEONNE (BE) - NOEL DOLLA (FR) - JEAN-PAUL DUMAS GRILLET (FR) - JAN FABRE (BE) - LOIC LE GROUMELLEC (FR)- LUC HOENRAET (BE) - GUY JASPAR (BE) – JANNIS KOUNELLIS (GR) - JEAN-PIERRE MAURY (BE) - AURELIE NEMOURS (FR) - GINA PANE ((IT) - ANDRES SERRANO (SP) - ANTONI TAPIES (SP) - DAN VAN SEVEREN (BE)
Un catalogue est édité pour l’occasion : texte d’Armel Job, écrivain.
Art Dimanche le 23 novembre 2014 à partir de 10h30. Entrée libre
Dans le cadre de Jeunesse et Arts Plastiques, le mardi 14.10 à 14h30 : « Le sacré dans l’art contemporain» par Olivier Duquenne
Illustration du haut de la page : de Gina Pane, Le Manteau de Saint Jean pour pauvre et riche, 1986 / 1988, Verre gravé et feutre sur bois , 120 x 160 cm, Collection FRAC Champagne-Ardenne, Reims, ©ADAGP