Peinture partagée, une collection d'art abstrait wallon - MCN du 10 janvier au 8 février 2015
L’exposition Peinture partagée, met en lumière la passion d’un couple de collectionneurs namurois pour l’art abstrait wallon. Si la Belgique est connue pour être le pays accueillant le plus de collectionneurs par m², on situe généralement les collections privées dans le Nord du pays ou dans la capitale. Mais la vallée mosane abrite également quelques passionnés anonymes.
L’envie de montrer cette collection (rendue publique pour la deuxième fois seulement) s’inscrit dans cette volonté de dessiner la vitalité culturelle au Sud du pays. C’est tout le propos de cette collection qui s’élabore depuis plusieurs dizaines d’années avec comme fil rouge celui de l’abstraction en Wallonie. Ce qui n’était au départ qu’une intuition est rapidement devenu un canevas essentiel : « Nous revendons peu à peu certaines oeuvres, notamment figuratives, pour acheter des grands noms de l’art abstrait wallon. » expliquent
les collectionneurs. Au-delà de la fierté nationale, c’est une manière de circonscrire la passion, lui fixer des limites – financières et esthétiques. C’est une manière aussi de construire une véritable identité à la collection. Le but avoué est aussi de revaloriser le patrimoine . « Beaucoup d’artistes sont partis à Paris car c’est là que cela se passait. Ils se sont naturalisés français mais ils provenaient du Sud de la Belgique. Nous devons en être fiers » ajoute le collectionneur.
La collection s’est ainsi formée en duo et de façon autodidacte. Elle découle d’abord de « coups de coeur » avant de devenir un exercice plus réfléchi. Elle commence avec l’oeuvre bleutée (sans titre, 1957-58) de Joseph Lacasse, dont le couple est littéralement tombé amoureux. S’ajoutent bientôt d’autres grands noms de l’art abstrait : Pol Bury, Raoul Ubac, Jo Delahaut, Marcel Lempereur-Haut… Il s’agit essentiellement d’oeuvres non-figuratives sans distinction de genre, de style ou d’école (Hard Edge, lyrique, géométrique,
cinétique, etc.). On trouve des oeuvres très diverses d’Henri Michaux, des dessins mescaliniens - réalisés sous influence - aux encres de Chine, des peintures de Mig Quinet, Françoise Holley- Trasenster ou Gaston Bertrand, etc. La collection se fait aussi plus contemporaine, avec Jacques-Louis Nyst, Jean-Pierre Ransonnet, Gabriel Belgeonne ou Victor Noël. Elle nous réserve aussi des découvertes, tel ce couple d’artistes, Hauror, qui avait participé au Salon des Réalités Nouvelles dans les années 50 mais dont le nom
est peu connu aujourd’hui. L’une des deux oeuvres de la collection a prêté son titre à l’exposition : Peinture partagée. Aujourd’hui, c’est cette passion de collectionneurs qui est partagée avec le public.
Dans le contexte de cette exposition sur l’abstraction en Wallonie où figure une oeuvre de Léon Wuidar, un autre collectionneur namurois nous offre le plaisir de pouvoir hisser sur le mât central de la Maison de la Culture une oeuvre-drapeau du même artiste.
Catalogue : textes de Roger Pierre Turine, critique à La Libre Belgique et Denis Laoureux, historien de l’art.
Illustration du haut de la page : Pol Bury, Sans titre, 1949, gouache, 18 x 25,8 cm. Droits réservés