Journée mondiale de lutte contre l'illettrisme
L'illettrisme en question
Il n'est jamais inutile de recadrer les choses. Quand on parle d'illettrisme ou d'analphabétisme, on n'évoque pas la situation de personnes ayant des problèmes d'orthographe.
Ce dont il est question, c'est de réelles difficultés d'écriture ou de lecture… Avec toutefois une petite nuance, même si, dans le milieu de l'alpha – soit les organismes qui oeuvrent sur le terrain de l'alphabétisation –, on emploie indifféremment l'un ou l'autre terme:
- l'analphabète est une personne non scolarisée;
- l'illettré (ou analphabète fonctionnel) est incapable de lire ou écrire un texte court et simple et d'en tirer l'essence pour agir en conséquence. Il a été à l'école, mais il n'a pas assimilé les savoirs de base (que l'on considère comme étant ceux de la fin de la 6e primaire – moment où est délivré le certificat d'études) et est incapable de les mettre en œuvre… A titre d'exemple, il arrivera parfois qu'une personne comprenne quelques mots ; à partir de là, elle inventera du sens… L'information qu'elle détient n'est pas correcte et la réponse (qu'il s'agisse de parole ou d'action) sera donc à l'avenant : erronée.
Dans un cas de figure comme dans l'autre, l'exclusion est bien réelle. Car au-delà de l'aspect déjà important de l'accès au livre et partant, de manière plus globale, à la culture, la personne illettrée se retrouve au ban de la société. Partout les écrits nous entourent. Les problèmes, au quotidien, sont légion et se retrouvent donc à tous les niveaux : suivi scolaire des enfants, démarches administratives, transports en commun, emploi et formation…
Le mal – si l'on peut dire – est là et il est non pas à nos portes,
mais bien dans notre intérieur.
«
Dès 1981, rappelle Vivre Ensemble Éducation,
un rapport du Conseil de l’Europe alertait les opinions publiques du continent sur la persistance de l’analphabétisme. Et en écho, la Belgique lançait en 1983 la première journée de l’alphabétisation en Communauté française».
La même année, et alors que la Belgique «
n’a plus publié aucune statistique à ce propos depuis 1947, le mouvement Lire et Écrire, créé en 1983 en communauté française, estime qu’en ce début du XXIe siècle, un adulte sur dix dans l’espace Wallonie – Bruxelles “ne sait ni lire, ni écrire, en le comprenant, un exposé simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne”», ajoute l'association.
En 1996, chez nos voisins français, un rapport intitulé «
De l'illettrisme en général et de l'école en particulier» faisait état que, sur l'échantillon de jeunes pris en compte,
12 % n'étaient pas capables de déchiffrer une phrase simple et 20 % ne pouvaient pas extraire d'un texte simple une information même incomplète et en tirer parti.
De manière plus globale, la problématique de l'illettrisme toucherait donc au moins de
10 % de la population adulte. Transposé à l'échelon de la province de Namur, cela signifie que quelque
35.000 personnes sont concernées. 35.000 exclus, 35.000 handicapés de la lecture et de l'écriture, qui n'appartiennent pas à une catégorie sociale déterminée ou à une frange particulière de la population. L'analphabétisme et l'illettrisme concernent un public diversifié et, contrairement aux clichés et aux idées reçues, certaines personnes possèdent une vie sociale, en apparence, normale et ont même parfois un emploi… Sans le savoir, chacun d'entre nous côtoie donc peut-être une personne en difficulté…
L'illettrisme est un fléau insidieux, qui se cache sous des couverts divers
et parfois inattendus.
Pour connaître l’action quotidienne de la Cellule de lutte contre l’illettrisme et l’exclusion sociale de la Province de Namur, cliquez ici.